lundi 16 avril 2012

Lâcher prise.

Un jour, je ne sais plus quand, c'était il y a très longtemps, j'ai trouvé un super moyen pour m'auto-rassurer. C'était un moyen super facile qui consistait à entrevoir toutes les possibilités et les solutions avant même que les problèmes soient posés, évaluer tous les risques. Et pour y arriver, il ne fallait que contrôler. Jusqu'ici, cette technique marchait plutôt bien, et le contrôle et moi, on était devenu super pote. Plus j'avançais dans la vie active, et plus j'avais des choses à contrôler. Ça devenait presque comme un jeu. J'ai commencé à contrôler mon salaire, mes sorties, mon loyer. Puis j'ai acheté un appartement, j'ai commencé à contrôler mon emprunt, mes factures. J'ai contrôlé ma voiture, ma consommation d'essence. Très vite, je me suis mise à tout contrôler : mes pensées, mon bonheur, mes dépenses, mon compte en banque, mes impôts, mon alimentation, mon poids, mes cheveux, mon visage. Je contrôlais l'heure à laquelle j'arrivais au travail, l'heure à laquelle je partais, ce que je faisais de mes journées. Et comme je commençais à maitriser la technique, j'ai contrôler de plus en plus de choses. Je me sentais forte et sereine, rien ne me résistait, j'avais une emprise sur tout.Tout se passait bien. J'avais un contrôle idéal de ma vie. Et comme certains de mes amis avaient l'air de ne pas s'en sortir, je les ai aidé à contrôler la leur. J'avais des solutions toutes prêtes pour eux. Je me sentais la copine idéale...

... Jusqu'à ce matin de janvier, une personne que je connaissais depuis 4 ans, a littéralement péter les plombs, et de ce pétage de plombs, une dispute est née. Tout ce qu'elle me reprochait, c'était en quelque sorte d'être un monstre caractérielle, elle en faisant même des cauchemars où je la tyrannisais. Mon premier réflexe a été de rire doucement, nerveusement, jaune. Moi ? Un tyran ? Moi, cette petite fille sensible au cœur grand ouvert, un monstre sanguinaire ? L'histoire s'est mal terminée et j'ai repris ma vie au dernier contrôle en date.

... Jusqu'à ce matin de février, l'entreprise où je bossais à fait faillite. Alors certes, je n'aimais pas mon boulot, et les relations avec certaines de mes collègues me bouffaient mais cette faillite, elle ne faisait pas partie de mon plan A, B ou C. J'étais déstabilisée, j'avais perdu le contrôle sur un élément important dans ma vie. De suite, je me suis reprise à contrôler tout ce que je pouvais: les papiers, les syndicats, le chômage, les offres d'emplois, le futur...

... Jusqu'à ce week end. Hier soir pour être précise. Le découragement de ne trouver aucune solution à mes problèmes professionnelles et une disputounette avec mon amoureux, un truc tout con d'amoureux, comme tous les couples connaissent. Mais c'est souvent dans ces trucs tout cons, qu'on se rend compte de trucs pas con du tout. Et là, le glas sonne, mon copain, à bout de nerfs me dit : "Mais arrête de vouloir tout contrôler ! Lâche prise ! Tu te pourris la vie !"
Et le franc est tombé. Je ne suis pas un tyran, je suis une psychorigide du contrôle. Je n'aime pas les surprises, les imprévus, et force est de constater que dans la vie il y en a plus que ce que je pensais. Je ne suis pas un monstre sans cœur, je suis une psychopathe de la contrôlette. Je ne peux juste pas m'en empêcher, et oui, oui,... Oui.... Ça me gâche la vie.

Je pensais que ce n'était qu'une histoire d'acceptation de soi, mais l'acceptation, comme son nom l'indique, implique d'accepter. Accepter une situation c'est décider de lâcher prise. Laisser la journée venir, ne pas sans cesse s'inquiéter du lendemain, ne pas vouloir être la copine parfaite, la collègue parfaite, le citoyen modèle qui encode toutes ces factures, qui régit son temps, qui est à l'heure tout le temps, qui ne dépense jamais rien, qui fais attention à tout ce qu'elle mange, à tout ce qu'elle porte, avec la mèche rebelle calculée, les ongles parfaitement limées, jamais négligée... Je détestais être une intello à l'école, et je suis devenue une première de classe dans la vie.

C'est un choc. Une mauvaise surprise. Et moi, les mauvaises surprises, je déteste ça. Pourtant j'en ai peut être besoin de plus, pour me forger. Je dois apprendre à bousculer mes habitudes, arrêter de vouloir tout contrôler, et laisser la vie couler,... Je ne sais pas comment je vais y arriver, à me laisser aller, mais si j'ai excellé dans le contrôle jusqu'ici, je peux trouver un moyen d'exceller dans le "lâcher prise", non ?


♥ ♥ ♥


16 commentaires:

  1. wouah... quel article!
    Lâcher prise est peut-être une des choses les plus difficiles, accepter de ne pas contrôler, accepter que des choses/personnes/émotions nous échappent.
    Je n'ai malheureusement pas de solutions miracles, j'apprends aussi au quotidien. Je trouve que Paquet m'aide pas mal, j'ai beau vouloir contrôler ce qui le touche, il y a toujours des imprévus!
    Je te souhaite pleins de courage dans cette quête et je pense que de l'écrire ici et de le partager est déjà un sacré pas en avant.
    BONNE JOURNEE

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    1. Oh zut, j'aurai bien voulu un petit manuel tout prêt :)
      Merci pour ton commentaire !

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  2. Très beau billet.
    Lâcher prise c'est réapprendre à respirer, cesser d'être constamment en apnée. Ca demande un effort sur soi au début, mais on revit.
    Bon courage :).

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    1. C'est marrant que tu dise "en apnée", parce que depuis cette prise de conscience cet exactement ds cet état d'esprit que je me sens

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  3. Comme les filles: Whaoahh quel billet, je me suis reconnue dedans en plus un truc de malade je ne peux que comprendre, et le pire c est que ca nous bouffe la vie mais qu'on n'arrive pas à faire sans.. Courage je suis sure que tu vas passer outre:

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  4. C'est difficile. Moi aussi, je cherche à tout contrôler, mais finalement on se rend vite compte que ce n'est pas possible. Peut-être que la solution se trouve là, justement. Faire le bilan de sa vie, voir ce qui a échappé à notre contrôle, voir si c'était positif et négatif (car ce qu'on ne contrôle pas n'est pas forcément négatif, au fond), se dire qu'on est toujours en vie, que ça ne nous a pas empêché d'avancer, tourner les choses à notre avantage. Dans les moments difficile, j'essaie de penser à tout ce qui m'a échappé et je regarde où ça m'a menée aujourd'hui. Finalement, je me dis que sans ça, je serais passée à côté de pleins de choses, qu'en temps normal j'aurais fuit, par crainte, mais qui me sont tombées dessus et ont contribué à faire de ma vie ce qu'elle est. Et alors je me rends compte que ce n'est pas si mal d'avoir une vie imparfaite. C'est ça qui la rend intéressante et si singulière. Mais ce n'est pas simple, c'est sûr...

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    1. On dit que le lâcher prise commence par la prise de conscience.
      C'est un premier pas tout ça.
      La suite viendra toute seule

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  5. Je crois qu'exceller dans le contrôle ou dans le lâcher prise, ça doit être pareil, par contre le passage de l'un à l'autre peut être difficile, tout simplement parce que c'est des habitudes ancrées en toi qu'il faut changer...
    Tiens nous au courant ^^

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  6. Moi aussi je suis une freak control! Pour parer a ça je fais de l'hypnose! et oui pas le choix dans ce moment que de lacher prise! du coup dans ma vie de tous les jours ça m'aide... Puis j'essaie de faire attention a pas tout contôler tout le temps mais je crois que je suis née comme ca!

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  7. @ Lily
    Oui, je vous dirait, comme tu dis ça prendra du temps.

    @ faispastasteph
    Tu fais de l'hypnose chez qqun ? Comment ça se passe ?

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  8. Je découvre ton blog et me décide à publier un com sur cet article dans lequel je me reconnais un peu.
    Ce besoin de tout contrôler peut être inconscient, la question que je me pose c'est pourquoi vouloir tout contrôler ? De quoi a t'-on peur ? En même temps on est dans une société de la performance, de la course contre la montre, de la réactivité alors je pense que c'est normal qu'on ait la pression un peu...
    Je me suis rendue compte que finalement c'est quand on se laisse porter aussi tout en suivant son intuition qu'on arrive à apprécier la vie et ses petits bonheurs ! ;)

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    1. C'est peut être la société, c'est peut être du à une certaine éducation. Comme dit plus haut, prendre conscience c'est un début. Maintenant il faut se laisser vivre.

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  9. Ton article me touche car l'an dernier, je contrôlais tout. Jusqu'au jour où je me suis retrouve à l’hôpital pour suspicion d'ulcère à l'estomac. Le choc. Le choc, car on m'a appris que je n'avais pas d'ulcère mais que j'avais juste l'estomac dégommé à cause... du stress! Je voulais tout contrôler dans ma vie, je me créais un stress inutile et surtout des angoisses quand quelque chose n'était pas prévu dans mon "programme". Depuis, j'ai vraiment essayé de lâcher prise, j'avais plus ou moins réussi.

    Ces derniers temps, c'est reparti de plus belle... En espérant que cet article soit un mini coup de pied au cul pour moi... ;)

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    1. Oh oui, c'est vrai qu'il ne faut pas s'en rendre malade
      Je n'ai pas de manuel tout prèt pour y arriver, mais il y a des bons livres qui aident bien. J'en ai pris un petit à la bibliothèque, mais je compte bien faire un tour en librairie trouver mon bonheur.
      Je suis une adepte de la thérapie par bouquin ^^

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  10. Comme j'avais dit en commentaire dans un autre de tes articles, je te conseille de lire Eckart Tolle - Vivre l'instant présent!
    Cela traite bien de ton problème de lâcher-prise et c'est un livre très connu!
    Pour ma part, j'étais comme toi avant, j'essayais de contrôler mes journées, j'écrivais les tâches et les activités que je devais faire tel jour, etc...
    Puis, un jour, j'en avais un peu marre de vivre des journée de manière robotique alors, j'ai arrêté de prévoir et je me suis sentie bien plus libre!
    Mais maintenant, avec mon entreprise, je suis obligée de me reprendre un agenda sauf que je ne note que les trucs professionnels qui ont besoin d'être planifiés, le reste, c'est libre!

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